J’ai toujours fait du vélo et je roule pour le plaisir. Je fais de la route, des petites randonnées un peu sportives.
J’ai toujours été dans le vélo et dans la peinture. J’ai travaillé cinq ans chez un fabriquant de vélos à Tours, pour qui je m’occupais de la peinture. Avant, j’ai travaillé dans l’entreprise de mon père, qui fabriquait des cadres en acier, en Vendée, à l’Aiguillon sur mer, d’où je suis originaire. Lorsqu’il est parti à la retraite, je n’ai pas pu reprendre l’entreprise car j’étais un peu jeune. C’est pour cette raison que je suis arrivé dans la région et chez ce cadreur. J’y suis resté cinq ans, avant que ça ne devienne très compliqué avec le patron. Lorsque j’en suis parti, par chance, j’ai trouvé une place chez Cyfac quasiment dans la foulée. A l’époque, Yves, qui était à la peinture, partait à la retraite et il fallait un peintre pour le remplacer. J’ai passé un entretien avec Aymeric et j’ai intégré l’équipe, sachant que j’avais toujours travaillé tout seul. C’était la première fois que j’avais des collègues (rire).
Une fois que le cadre est fabriqué, il arrive à l’équipe peinture dont je fais partie. Je consulte le dossier et toutes les spécificités du projet : les couleurs, les pochoirs, les décorations demandées. Sur des travaux complexes, il vaut mieux prendre le temps de réfléchir sur la manière dont on va s’y prendre, l’ordre dans lequel on va appliquer les couleurs, la manière dont on va protéger ce qui ne doit pas être peint. C’est un travail qui demande pas mal de patience. Ensuite, une fois que j’ai terminé, c’est Stéphane qui prend le relais pour vernir le cadre et effectuer un premier contrôle.
Je commence par appliquer une peinture de fond. Généralement, on utilise des fonds blancs, car c’est plus simple de travailler dessus ensuite. C’est la base. Je mets le cadre au four une demi-heure pour accélérer le temps de séchage, et en attendant je prépare mes peintures. Le mélange se fait à la main, au gramme prêt, sur la balance qui est en même temps un ordinateur, et qui permet d’obtenir exactement la teinte souhaitée. Chez Cyfac, nous utilisons des peintures à l’eau qui offrent des possibilités de teintes à l’infini, en plus d’être moins toxiques. Par contre, elles sont plus fragiles, et plus difficiles à travailler, et c’est pour ça qu’on les isole le plus souvent au vernis. Pour les protéger. Une fois que mon mélange est fait, je transfère le tout dans mon pistolet pour appliquer la teinte sur tout ou partie du cadre, en respectant la commande. Le travail consiste à alterner la protection avec du scotch des parties à ne pas peindre, à peindre, à faire sécher. A protéger d’autres parties pour appliquer une autre teinte. Et autant de fois que nécessaire.
L’avantage de faire du sur-mesure, c’est de pouvoir proposer une gamme de couleurs presque infinie, et toutes sortes de décorations. J’en apprends tous les jours: que ce soit avec les paillettes, les peintures chromes, les couleurs candy. Avec le retour de l’acier, on a même de nouveau des demandes pour des émaillages flammés et les dégradés, qui avaient pourtant complètement disparu.
Chez nous, la peinture est un savoir-faire à part entière, qui se traduit par le lancement de la marque « Painted by Cyfac ». On le dit souvent, mais on est capables à peu près de tout faire, grâce notamment à l’équipement dont on dispose. Je vais dire une évidence, mais la peinture c’est sans doute la première chose qui attire le regard sur un vélo. Même si la fabrication est extrêmement importante, c’est un peu comme une valeur ajoutée.
On est toujours très fiers lorsqu’on voit un vélo Cyfac dans un magazine, ou en ville, et même parfois pendant les vacances. On se dit qu’on a bien travaillé. Ça m’arrive d’engager la conversation avec le cycliste. De lui dire « j’ai peint votre vélo », sans prétention, mais pour voir sa réaction et ce sont toujours des moments très sympas.
Mon prochain défi, ce serait de réaliser quelque chose que je n’ai pas encore fait. C’est un truc chouette dans la peinture, c’est qu’on apprend tous les jours parce qu’il y a toujours des nouveautés.