CYFAC invité au salon TedX Tours 2022

11 Avr. 2022

Catégorie : Non classé

Ce jeudi 07 avril, le gérant de Cyfac International était invité au Salon du TedX Tours pour parler : Vélo ! Pour ce sujet, Aymeric Le Brun a notamment voulu rétablir certaines vérités sur le mythe du Vélo Made in France. Découvrez à travers cet article, la véritable histoire du vélo fabriqué en France.

 

 

Aujourd’hui le vélo a le vent dans le dos. Le made in France et la fabrication locale n’ont jamais été autant plébiscités. Pourtant la réalité est plus complexe. Sûrement plus décevante quant à sa situation présente. Mais enthousiasmante par la prise de conscience récente et sa dynamique actuelle et future. Si les utilisateurs et acheteurs de cycles n’ont jamais été aussi nombreux et sensibles à l’origine des produits qu’ils achètent, que dit le Marché Français du Cycle ? Et celui du Cycle Français ?

Afin de mieux comprendre le marché du cycle et vous permettre de mieux appréhender les 2 ans de délais qui sont parfois annoncés pour l’achat d’un nouveau vélo, voir un simple dérailleur, voici quelques chiffres clés de l’Observatoire du Cycle.

 

Ces chiffres démontrent sur les 24 derniers mois de l’usage et de la demande de matériel mais également de l’extrême dépendance (quasi-totale) vis-à-vis de l’Asie sur 95% des pièces qui composent un vélo. Il est intéressant de voir que le déclin de l’industrie du vélo, qui n’intéressait pas grand monde avant la crise du Covid (secteur non identifié dans le plan vélo 2018), a interpellé le gouvernement qui a confié au député Guillaume Gouffier-Cha la mission de faire un été des lieux de la Filière Economique du Vélo en France.

« L’économie du vélo est un exemple parmi d’autres des erreurs de notre politique de désindustrialisation que nous avons menée au cours des cinquante dernières années » est son premier constat .. mon histoire dans le monde du vélo, et dans la promotion du vélo véritablement fabriqué en France depuis 20 ans, ne peut que le confirmer !

Les chiffres présentés ci-dessus illustrent la belle dynamique du vélo :

• Chiffre d’affaires du Marché du Cycle : 3 000 000 000€ (+25% en 202 / +12% en 2019) – 2021 : +15% soit +43% en 20 ans.

• 2 685 millions de vélos vendus en 2020 (+2%)

• La France produit 25% des vélos vendus sur le territoire français

Près de 690 000 vélos ont donc été « produits » en France en 2020. Mais qu’est-ce qui se cache réellement derrière ces chiffres ?

En effet, ces chiffres et le terme de « production » restent à nuancer par la provenance de la plupart des composants et cadres. Si aujourd’hui les chiffres annoncent 25% de la production sur le territoire, il faut clairement parler de conception et/ou d’assemblage et non de fabrication. Même le cadre, véritable châssis du vélo, souvent la pièce la plus différenciante et singulière d’un vélo où la marque de ce dernier est généralement inscrite (et le sticker identifié made in France), est dans 99% des cas sous-traité en Asie. Ainsi quand nous parlons de 25% de la production française, beaucoup s’imagine que le cadre est donc fabriqué sur le territoire. Il n’en est rien et le terme de vélo Made in France est souvent galvaudé. D’ailleurs, difficile d’imaginer qu’un vélo puisse se revendiquer 100% Made in France.

 

 

Pourtant la France a une histoire forte avec l’Industrie du Cycle. Si les plus grandes courses cyclistes (Tour de France, Paris-Roubaix, Paris-Tours) font partie de notre patrimoine, notre pays occupe un positionnement de Leader mondial dans les années 70. Si bien que certaines marques de vélos emblématiques, fabriqués en France, sont restées dans les mémoires. Peugeot, Gitane, Mercier, MBK ou Lejeune aussi bien que Mavic (qui ne fabriquait pas que des roues), Simplex ou MAFAC chez les équipementiers faisaient partie des fleurons de l’industrie française.

C’est dans les années 1980 et 1990, faute de vision sur le vélo mais aussi sur les évolutions sociétales à venir que nous avons délaissé un temps notre histoire pourtant si forte avec le vélo. Nous avons perdu nos brevets, une partie de nos savoir-faire et de nos machines-outils. Nous avons abandonné l’innovation et laisser péricliter nos usines. Nous sommes passés d’une position de Leader à une situation d’ultra dépendance, en particulier des marchés asiatiques.

Au cours de ces dernières décennies, la fabrication de vélo a été méprisée, considérée comme une technologie simple à faible valeur ajoutée qu’il ne nous appartenait plus de fabriquer en France.. comme si le produit n’était plus assez noble. L’image du vélo aussi bien dans sa pratique que dans sa technologie est apparue dans les années 90 comme « ringarde ».

A présent la VERITABLE fabrication de cadres de vélos, fondée sur la transformation de matière et sur des savoir-faire techniques, sont devenu rare et nécessite expériences et formations, celle-ci est aujourd’hui préservé par une quarantaine d’artisans français, attachés aux valeurs du fait main et de l’excellence, dont la persévérance a permis pour certains de traverser les crises dans des périodes où l‘intelligence de la main n’était plus aussi considérée.

Le seul savoir-faire qui n’a pas disparu dans le cycle, c’est celui de l’artisanat.

Le constat est donc clair : seule la fabrication de vélos artisanaux d’excellence a survécu à la délocalisation. La vérité des chiffres est donc bien différente. Ainsi le chiffre annoncé de 690 00 vélos produits en France peut être ramené à quelque 2000 vélos artisanaux où le cadre est réellement fabriqué en France. De 25% de vélos produits sur le territoire nous passons à moins de 1 pour mille.

Fort de ce constat, de nouvelles ambitions naissent :

• le Plan Vélo de 2018 qui n’intégrait pas le développement de l’industrie Cycle (réparation, logistique, industrie) pourrait être actualisé et reconnaître le vélo comme étant un secteur de réindustrialisation en France.

• la création d’un Label France Vélo intégrant des critères d’exemplarité (sociaux, environnementaux et économiques) pourrait également voir le jour.

Si les décisions prises il y a 50 ans ont donc entrainé la disparation de l’industrie du cycle en France, peut-être que celles d’aujourd’hui permettront, dans quelques décennies, au vélo made in France, moyen et haut de gamme, de redevenir une réalité. En tout cas, chez CYFAC c’est ce que nous espérons et essayons de préserver, grâce aux savoir-faire artisanaux qui sont au cœur de notre héritage.

Car un cadre de vélo n’est pas qu’un simple assemblage de tubes soudé, collé et peint rapidement. C’est un ensemble de compétences spécifiques, réunies en une, où un seul cadreur ou peintre maitrise son métier dans sa globalité et tous les savoir-faire qui lui sont associés. Ce sont des dizaines d’heures de travail. Voir des centaines. Des litres de sueurs. Des essais, des échecs, des innovations et des ingéniosités quotidiennes. Des challenges et des équations quasiment impossibles à résoudre. Des rêves de cyclistes à transformer en vélos beaux et performants. Rigides et confortables. Prêts à affronter les chemins et rapides sur la route. C’est également des longues semaines de formation, d’apprentissages. Un savoir-faire indissociables d’un savoir-être et d’une culture et passion cyclistes. Une transmission de génération en génération où bienveillance et exigences s’entremêlent.